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Women in Early Modern France and Europe Les femmes en France aux XVIe et XVIIe siècles

Research to date:

‘Did women have a Renaissance?’ The title of Joan Kelly’s seminal article, first published in 1977, identifies a question Early Modern scholars cannot ignore. If the French Renaissance is seen, at least for elites, as the triumph of humanism, what role did women play in this? Were they really absent from the stage, or silent bystanders? In various areas of my research, I have looked at how women contributed, both as writers and readers, to the circulation of knowledge and to the development of cultural and literary paradigms.

When I worked with G.-A. Pérouse’s CNRS team on the critical edition of Claude de Taillemont’s La Tricarite, it became obvious that this Lyonnais poet, imbued with neo-Platonic values, was an exceptional champion of women’s intellectual capacities. This must be one of the reasons - as well as his skill as a conteur - which recommended him to Marie de Gournay, the adopted daughter of Montaigne. In the early 17th century, she undertook the translation into French of all the 1200 Latin and Greek quotations in Montaigne’s Essays, so that they would be comprehensible to a new generation of readers, many of whom now spurned classical scholarship. (Her task was the more heroic in that she had taught herself both the classical languages.) My work on de Gournay has focused on the ways in which her translations are often adaptations, sometimes even rewritings of the original, as she strives to remain faithful to the spirit rather than the letter of the quintessentially bilingual nature of the Essays. She is just one of a number of interesting female translators in Early Modern France, from Hélisenne de Crenne to Anne Dacier, and there must be scope for a study of their global achievements.

I have also been working more recently on a quite different aspect of women’s life in the 16th and 17th centuries : women’s medicine, childbearing, and family life. Unlike the poets, most doctors wrote about women entirely as creatures of flesh and blood, whose reproductive capacities were of prime interest. Between 1540-1630, we see the publication in French of a remarkable number of editions of works dealing with what we would now term gynaecology and obstetrics, far more than in any other vernacular language at this time. In my book on Les Traités d'obstétrique en langue française au seuil de la modernité, I argue that this gave a wide cross-section of readers, most of whom would possess little or no Latin – surgeons, apothecaries, midwives, literate laymen and laywomen –, access to medical information about procreation, pregnancy and birth. I see these publications deriving both from commercial motives (shrewd publishers like Millanges or L’Angelier must have guessed Laurent Joubert’s Erreurs populaires would be a best-seller) and from the desire of some physicians, surgeons and one midwife to disseminate their learning and experience to a wider public. However, their work occasioned some harsh criticisms, their spokesmen moved variously by the wish to protect their professional standing and by the belief that women (and especially unmarried girls) should not read medical accounts treating female sexuality, since these were better left to learned men!

 

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Axes de recherche:

 

‘Did women have a Renaissance?’ (‘Les femmes ont-elles eu une Renaissance?’). L’article de Joan Kelly en 1977 a mis en exergue une question que les seiziémistes ne peuvent plus ignorer. Si le XVIe siècle représente en France, au moins pour les privilégiés, le triomphe de l’humanisme, dans quelle mesure les femmes y ont-elle participé ? En tant qu’objet du regard adorateur de poètes masculins, sont-elles vraiment reléguées au silence ? A travers mes recherches sur les écrivains et les écrivaines, les lecteurs et les lectrices de cette époque, j’ai essayé d’en faire le bilan.

Parmi les poètes d’abord, le lyonnais, Claude de Taillemont – dont j’ai édité le recueil de La Tricarite avec l’équipe CNRS dirigée par G.-A. Pérouse - , empreint de la culture néo-platonicienne, chante les louanges de l’intelligence féminine. Voici une des raisons pour lesquelles ce poète, conteur à ses heures, a plu à Marie de Gournay, fille d’alliance de Montaigne. Or, au premier XVIIe siècle, cette dernière, autodidacte farouche, s’acharne à fournir aux lecteurs de Montaigne une version française des 1200 citations grecques et latines des Essais. Tâche ingrate, car elle-même, elle ne goûte que trop bien le caractère bilingue des Essais ; cependant, un nouveau public exige un Montaigne moins humaniste, plus accessible, et elle préfère se charger elle-même de cette tâche plutôt que de la confier à n’importe qui d’autre. C’est donc à travers le truchement de Marie de Gournay que les lecteurs non-latinisants du XVIIe siècle découvrent les citations des Essais, et j’ai démontré en quoi elle a adapté, interprété, voire réécrit les textes d’origine. Les femmes-traductrices sous l’Ancien Régime mériteraient d’ailleurs qu’une étude plus approfondie leur soit consacrée, car d’Hélisenne de Crenne à Anne Dacier, elles sont une bande exceptionnelle.

Passons ensuite à un tout autre aspect de la vie féminine aux XVIe et XVIIe siècles sur lequel je travaille depuis une dizaine d’années : la maternité, la médecine de la femme, et la vie familiale. Pour les hommes de l’art – à la différence de bien des poètes - la femme est avant tout un être en chair et en os, et ses fonctions sexuelles les occupent et les préoccupent. Mais comment expliquer le grand nombre d’éditions de traités gynécologiques et obstétricaux qui ont paru en français – plutôt qu’en latin - entre 1540-1630 ? Beaucoup plus, d’ailleurs, comme je le constate dans mon livre sur Les Traités d'obstétrique en langue française au seuil de la modernité, que dans n’importe quelle autre langue européenne, de sorte que chirurgiens, apothicaires, sages-femmes, et tous ceux qui veulent s’informer de la procréation, de la grossesse, de l’accouchement peuvent désormais le faire sans étudier les langues anciennes. C’est à la fois une entreprise commerciale (les éditeurs comme Millanges ou L’Angelier ont dû deviner que les Erreurs populaires de Laurent Joubert deviendraient un ‘bestseller’) et une tâche de vulgarisation entreprise par des hommes désireux d’instruire un plus grand public. Mais l’accès au savoir médical ne manque pas d’être ciblé par certains critiques féroces, motivés soit par un souci de protectionnisme professionnel, soit par la crainte de voir des femmes (même parfois des filles) lire ou se faire lire ce que les hommes seuls devaient connaître !

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